Choisir son whisky en grande surface ou chez son caviste n’est jamais une mince affaire. En général le consommateur est mal renseigné ou ne possède pas les bons outils pour acheter le whisky qui répondrait à sa demande. De plus en rayon, face à toutes ces variétés de whisky, on ne sait plus où donner de la tête ! La France est le premier pays consommateur de whisky écossais au monde. Le problème est que le français consomme plus souvent du mauvais whisky que du bon et ne maîtrise pas l’art de le boire. Pour éviter de suivre une mauvaise recommandation ou que votre démarche d’achat devienne un vrai casse-tête, cet article va vous donner quelques petits outils qui vont vous permettre de choisir votre whisky vous-même. D’abord avant de vous rendre en magasin faire votre achat, il sera important de vous poser les bonnes questions. Par exemple à quel moment de la journée vais-je boire mon whisky ? Quel whisky s’accordera le mieux sur les mets de mon déjeuner ou de mon dîner ? Vais-je choisir un whisky pour tout le repas ? Ou plutôt choisir un whisky sur chaque mets si nous sommes nombreux ? Quels types de whisky aiment mes invités ? Quelles dominantes aromatiques a-t-on envie de privilégier ? Quel est mon budget ?
Toutes les réponses à ces questions sont à trouver avant même de partir de chez vous.
A quel moment de la journée vais-je boire mon whisky ?
Un bel après-midi d’été sur votre terrasse vers les 15h00, on appréciera bien un whisky Blended japonais, un whisky de Grain, un Single Malt des Lowlands ou un Springbank 10 ans d’âge de la presqu’île de Campbeltown par exemple.
En apéritif vers les 18h30 on savourera plutôt un Tamdhu 10 ans d’âge du Speyside afin de préparer vos papilles gustatives à votre dîner de 19h30. De nombreux Single Malts écossais de 12 ans à 16 ans d’âge, pouvant être aussi Single Barrel ou Cask Strength, s’apprécieront parfaitement bien en mangeant tout le long d’un repas contrairement aux Bourbons américains ou aux Single Malts matured in Sherry wood qui trouveront leur place sur de nombreux desserts à tout moment de l’année. A noter que les vieux Single Malts à partir de 21 ans d’âge seront plutôt à déguster en digestif.
Un seul whisky pour tout le menu ? Ou un whisky par mets ?
Le français a rarement l’habitude d’accorder un whisky en mangeant malgré que cette pratique soit bien ancrée chez les écossais, les japonais ou même les hollandais. Choisir un whisky pour accompagner un menu ou le marier sur chaque mets dépendra de l’occasion du repas, du nombre de personnes, de l’avis de vos invités, de votre budget, de la saison et de votre humeur.
Voici quelques repères :
Au cours d’un repas le dosage de service varie de 1 à 2 cl de whisky par personne et par mets.
- Si vous êtes moins de 7 personnes, l’idéal serait de choisir un whisky bien équilibré pouvant accompagner tout le repas.
- Si vous êtes plus de 8 personnes, il sera très intéressant de choisir 2 whiskies sur le menu proposé.
- Si vous êtes plus de 20 personnes à table, vous pourrez proposer un whisky adapté à chaque mets, ce qui vous offrira des moments conviviaux inoubliables et la découverte de nouveaux horizons.
Quels types de whisky aiment mes invités ?
Vous devez impérativement vous renseigner sur le style de whisky que vos invités aiment pour éviter la déception ou gâcher la soirée. Et croyez-moi, il en faudra peu ! Vous amenez vos invités en terre inconnue en leur proposant de déguster du whisky haut-de-gamme en mangeant; il sera donc important de bien choisir vos whiskies en tenant compte du goût de tous vos invités dans le but de les satisfaire, de les surprendre et de les maintenir en effervescence tout le long de la soirée par ce surprenant mariage entre les arômes des whiskies et des plats. Notons que si vous proposez un whisky tourbé à un invité qui déteste le « goût tourbé », il va vite se mettre au vin ou à l’eau et passera une mauvaise soirée car il se mettra en tête que vous avez oublié de lui demander son avis. Alors attention, vos devez tenir compte de l’avis de chacun de vos invités en partant du principe que la déception n’a pas sa place dans ces soirées « whisky et mets ».
Quelles dominantes aromatiques a-t-on envie de privilégier ?
La première réflexion va d’abord se porter sur la saison et vos envies. Ensuite on ira demander à nos futurs invités ce qu’ils souhaitent, puis on portera une longue et particulière attention sur la description des différentes saveurs que l’on trouvera dans chaque plat du repas et qui trancheront dans le futur choix aromatique du whisky. C’est concrètement l’analyse des combinaisons possibles et impossibles entre les mets qui vont être élaborés et les whiskies que vous ciblerez.
- Si un déjeuner est à dominante salée à base de fruits de mer, on choisira un whisky assez puissant, iodé et tourbé des îles du Jura ou d’Islay par exemple.
- Si un dîner s’oriente sur des saveurs « sucrées/salées » tel qu’un Agneau rôti au miel aux cèpes confits en persillade, on ira plutôt sur un whisky des Highlands ou du Speyside où l’on trouvera la puissance, les arômes et la subtilité recherchés pour faire face à ce mets.
- Si les desserts proposés sont à base de chocolat et de fruits rouges, le whisky choisi se portera sur la douceur et l’amertume touchées par des notes de tourbe dégageant des arômes de fruits secs, d’épices douces, de réglisse et de fumé. Les desserts où les arômes de vanille dominent, on préférera des Bourbons ou des Single Malts élevés dans des bois spécifiques qui offriront des whiskies doux, miellés, vanillés aux notes de cire d’abeille et d’épices douces qui feront un accord parfait avec ces derniers.
Quel est mon budget maximum à ne pas dépasser ?
Une fois que vous avez tenu compte de ces nombreux paramètres, il va falloir déterminer si les bouteilles que vous avez ciblées rentrent bien dans votre budget.
Pour vous aider, voici quelques petits éclairages :
- Vous trouverez d’excellents Blends écossais ou japonais entre 20€ et 30€. Exemple avec un Tokinoka de la distillerie White Oak.
De nombreux Single Malts écossais jeunes démarrent à 30€ et feront forte sensation en apéritif ou en mangeant. Exemple avec un Caol Ila 12 ans d’âge.
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Entre 25€ et 70€ vous aurez un grand choix de Single Malt du monde entre 10 ans et 16 ans d’âge qui seront de magnifiques produits de dégustation et d’accompagnement pendant les repas. Exemple avec un Dalmore 15 ans d’âge.
Puis au-delà de 70€ jusqu’à 1000€ voire plus, vous aurez accès à des whiskies assez rares de longue maturation. Exemple avec un Macallan 25 ans d’âge.
Aussi des mentions qualitatives seront inscrites sur l’étiquette. Nous allons étudier les significations de quelques-unes.
- Peating : C’est un whisky tourbé.
- Bourbon ageing : Cela signifie « vieilli en fûts de Bourbon ».
- Matured in Sherry wood ou Port wood : Cela signifie « vieilli en fûts de Sherry ou de Porto ».
- Single Barrel ou Single Cask : C’est un whisky provenant d’un fût unique numéroté, généralement indiqué sur l’étiquette de la bouteille pour assurer sa traçabilité.
- Cask Strength : Quand l’alcool sort de l’alambic, il affiche 70°. On le réduit parfois avec de l’eau de source pour atteindre 63° dans le fût car les distillateurs estiment que c’est le titre idéal pour ouvrir l’alcool pour la maturation. Cask Strength signifie qu’on affiche sur l’étiquette le degré alcoolique du whisky qui est exactement le même degré alcoolique qu’à la sortie du fût (fin de maturation).
- Unchillfiltered ou Non chill-filtered : La filtration à froid consiste à précipiter les acides gras à basse température pour clarifier le whisky et empêcher qu’il ne se trouble quand on y ajoute de l’eau. Cette pratique très répandue convient bien pour les Blends de consommation courante, mais est problématique pour les Single Malts. La filtration à froid a en effet pour inconvénients de débarrasser le whisky de beaucoup de ses arômes les plus subtils et d’amaigrir sa texture.